DOSSIER - Monter son home studio - partie 2

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Audio, MIDI, what the fuck ?


Là encore, désolé d'insulter l'intelligence de "ceux qui savent", mais pour nombre de personnes, ce sont des concepts loin d'être évidents. Pour l'audio c'est assez simple, dans votre ordinateur, il existe sous forme de fichiers que vous pouvez écouter depuis un player lambda. S'il n'existe pas encore sous cette forme, il vous faudra l'enregistrer.


Dave Smith, le type qui a inventé le MIDI. Trop fort.

Dave Smith, héros méconnu du monde de la musique


Le MIDI, acronyme de "Musical instrument Digital Interface" est un protocole inventé à la fin des années 70 par Dave Smith, et qui permet à des équipements de s'échanger des informations à connotation musicale, comme par exemple des notes, leur durée, leur vélocité et plein d'autres paramètres qui peuvent être utilisés pour décrire et contrôler les caractéristiques d'un son émis par un synthétiseur dans le temps. Pour faire simple, si votre séquenceur parle MIDI, il saura dire à n'importe quel équipement supportant cette même norme de jouer un LA3 pendant 2 temps a une vélocité de 108 sur 127 au premier temps de la 3ème mesure.


Certains artificiers utilisent aussi le MIDI pour séquencer leurs feux d'artifice. Pensez y au prochain 14 juillet.



Il pourra ainsi décrire n'importe quelle note de musique et l'envoyer à n'importe qui sur la chaîne MIDI, et le récepteur interprétera ces notes en retour. C'est un peu comme envoyer une partition électronique sur le réseau et qu'elle soit jouée en live par les instruments qui la lisent. Ces instruments peuvent être des équipements musicaux externes, comme des synthés, ou même des logiciels - des instruments qu'on peut insérer sous forme de plugins dans la DAW. En réalité, le MIDI peut être utilisé pour n'importe quoi. Et n'importe quoi peut être MIDI du moment qu'on sait interpréter les messages. La preuve, il existe même une échelle MIDI, disposant de fonctionnalités étonnantes. Certains artificiers utilisent aussi le MIDI pour séquencer leurs feux d'artifice. Pensez y au prochain 14 juillet, ou si vous passez chez Castorama pour acheter une échelle prochainement !


Un abus de langage courant aujourd'hui : le MIDI et l'audio, en fait c'est pareil. 


Bin non. C'est pas pareil. Le MIDI, c'est la partoche numérique. L'audio c'est la musique elle même. J’entends déjà dire les élèves du conservatoire que la partoche, c'est la musique ! Aaaah ! Moi je vous parle du son !!! On peut manipuler les deux dans la DAW. 


Mais patron, "j'ai créé un MIDI et ça joue de la musique en audio” 


Rrhhhhaaaaaa, bin oui évidemment puisque l’instrument que tu as mis sur la piste est là pour le faire. 


On s'étonne que les gens ne comprennent plus rien. C’était déjà pas facile à l’époque. Je me sens vieux, soudain.



Car oui, on peut tout à fait créer du MIDI qui fait jouer un plugin instrument dans la DAW. Mais dans la séquence MIDI, il n'y a aucun son audio à proprement parler, on a juste des informations de note. C’est comme d'avoir un synthé externe connecté, il joue les notes MIDI qu'il reçoit, et pour avoir de l'audio, il faut écouter (ou enregistrer) les sorties audio de ce synthé pendant qu'il joue la séquence MIDI.  Quand tout est dans la DAW, y compris le synthé, c'est pareil. C'est juste que tout est dans la boîte et que tout ce processus est invisible. Capito ?


Maintenant, on peut aussi envoyer du MIDI pour faire évoluer les paramètres d’un logiciel ou d’un équipement externe qui ne joue pas de notes. Comme par exemple la queue d’une reverb.


Gnaaaa ?! Et oui… 


C'est vrai qu'on s'y perd. Mais imaginez le MIDI comme ce pour quoi il a été conçu : s'échanger des informations entre synthétiseurs. Sur un câble. La préhistoire, en quelque sorte. Et dire que j’ai commencé comme ça. Argh. Aujourd’hui tout est virtualisé, dématérialisé. On s'étonne que les gens ne comprennent plus rien. C’était déjà pas facile à l’époque. Je me sens vieux, soudain.


Enregistrer 


Si vous avez des instruments, et que vous vous mettez au home studio, c'est que vous voulez les enregistrer. Il vous faut donc une interface audionumérique. Même encore maintenant, on parle toujours de carte son, même si les équipements de cette catégorie n'ont plus grand chose à voir avec une carte son telle qu'elle existait à l'origine des temps. Par exemple cette vieille Soundblaster PCI 128. #souvenir.


Les points importants dans le choix d'une carte son sont (sonson c'est bizarre je sais) le nombre d'entrées, leur format (XLR, Jack, RCA, ADAT, S/PDIF, Optique), le mode de connexion à la DAW (USB, Firewire, Thunderbolt) et d'autres paramètres comme la qualité des preamps, les sorties casques, les contrôles en façade, la présence ou non d'une interface MIDI, le monitoring direct, les effets DSP intégrés, la latence, la qualité des drivers, ou encore la suite logicielle fournie.



Connecteurs, connecteurs...


si vous projetez d'acheter une interface 8 entrées à moins de 50€, il y a des chances qu'elle ait des preamps de daube. 



Cette liste n'est bien entendu pas exhaustive. Dans tous les cas, pensez bien à vérifier la compatibilité de votre système avec la carte que vous comptez acheter. Rien de plus frustrant que de se retrouver avec un matériel de plusieurs centaines d'euros qu'on ne peut pas utiliser. 




Quelques interfaces audio


Qui dit enregistrer dit en général micro. Et qui dit micro dit preampli (ou preamp). C'est l'étage de votre carte son qui permet de remonter le niveau du signal à une valeur exploitable pour le système. La qualité de ce preamp détermine la qualité de votre signal enregistré. Aujourd'hui, ce n'est un gros problème que sur les interfaces super cheap; disons que si vous projetez d'acheter une interface 8 entrées à moins de 50€, il y a des chances qu'elle ait des preamps de daube. Sauf exception qui viendrait confirmer cette règle, soyez lucides. 


Vous pouvez également avoir des entrées dites “ligne". Elle permettent d'accueillir des signaux qui sont déjà au bon niveau, comme par exemple des synthés, ou des effets externes. 


Les entrées Hi-Z pour "Haute Impédance" permettent de connecter des instruments dont l'impédance doit être adaptée avant l'étage d'amplification. C'est le cas des guitares ou des basses. Leur format est généralement "Combo", c'est à dire que le connecteur peut accueillir soit un câble XLR, soit un câble Jack 6,35mm. 




Les entrées Hi-Z sont souvent dans des combos XLR / jack.


la plupart des home studistes sont généralement à la masse. 



Si vous comptez faire voyager votre signal à l'extérieur de la DAW, vous aurez besoin de sorties. Cela peut être pour connecter un effet hardware externe, ou pour alimenter un autre équipement qui doit accepter tout ou partie de votre signal. Par exemple, le son clair d'une guitare précédemment enregistrée peut être renvoyé vers un ampli pour le "Réamper" et récupérer le son avec distorsion. Cela peut être aussi un synthétiseur, ou un même une autre interface audio. Assurez vous, lorsque c'est possible, que vous utilisez des entrées et sorties symétriques (ainsi que des câbles également symétriques), cela permet d'éviter de choper des parasites sur le chemin. Le mot consacré en anglais est "balanced". Vous trouverez des informations sur vos entrées / sorties dans la documentation de vos appareils audio. Les connexions symétriques véhiculent le signal audio sur 2 brins en opposition de phase + 1 masse, par opposition à la connexion non symétrique ("unbalanced") qui la véhicule sur 1 brin + 1 masse. Sans doute pour ça que la plupart des home studistes sont généralement à la masse. 



Les jacks stéréo peuvent être utilisés pour véhiculer un signal mono symétrique.


Si votre budget le permet, préférez les cartes qui travaillent en 24 bits. Elles vous permettront de garder une bonne marge avant saturation. Et globalement dans votre DAW, pour les mêmes raisons, travaillez au minimum en 24 bits ou plus si votre logiciel le supporte (sous Cubase, 32 bits float). Exportez en 16 bits non compressé (WAV, quoi) en fin de projet pour un maximum de compatibilité, notamment si vous comptez créer un CD audio. 


Pas vraiment de préférence en ce qui concerne les formats de connectique, USB, firewire, ou même Thunderbolt. Il n'y a plus vraiment d’élément différentiants critiques comme à l’époque de l’USB 1 contre Firewire ou le Firewire était le choix de raison. Choisissez donc la carte dont la connectique correspond à vos ports disponibles et que votre porte monnaie pourra vous offrir. 


La suite au prochain numéro, Micros et Monitoring.